Art & Culture

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ASHS THE BEST, de son vrai nom Arfang THIARE, est un jeune artiste musicien sénégalais. D’une polyvalence évidente, l’artiste soutient, dans cette interview publiée par le magazine le 30 Novembre 2020, évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique… Interview au cours de laquelle, il est revenu également sur son choix pour la musique et adresse des messages à la jeunesse.

Qui est Ashs The Best?

Ashs The Best est un jeune artiste, auteur compositeur de 25 ans résident dans la banlieue Dakaroise (Guédiawaye pour être précis) au Sénégal. Il a commencé à s’intéresser à la musique en 2013 et a sorti son premier single en 2016. Il a dans sa discographie deux albums, « Millions Flows » et « Millions Flows Deluxe », sortis respectivement le 15 novembre 2019 et le 28 août 2020.

« Je me définis comme un artiste, musicien … car pouvant évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique etc. »

D’où vient le nom d’artiste Ashs The best ?

A l’état civil c’est Arfang Thiaré, et j’ai le surnom El Hadj dont le diminutif est Ass, et Ass pourrait être un gros mot dans d’autres langues. J’ai donc eu à faire cet acronyme ASHS qui donne As comme le champion, le meilleur et HS comme Hors Série donc ASHS THE BEST donne As Hors Série The Best et en résumé le meilleur.

Vous vous considérez comme rappeur ou musicien ?

Je suis artiste, je fais de la musique et je compose également des morceaux de musique. Je me définis comme un artiste musicien comme certains disent car pouvant évoluer dans plusieurs genres musicaux notamment le jazz, le soul, le blues, le rap, l’acoustique etc.

Pouvez-vous retracer votre parcours dans la musique ?

Notre maison est en face du Centre Guédiawaye Hip Hop, mes frères avaient un groupe de rap et faisaient leurs répétitions chez nous, et je faisais office de beatmaker, des face B que je téléchargeais sur Internet.

En 2014 j’ai participé à des séances d’écriture avec Djily Bagdad (du 5Kiem Underground), des formations en beatmaking avec Ciré Dia de Africulurban, des résidences artistiques avec Tony Blackman.  J’ajoute à cela, les cyphers, les battles et la plus grande compétition de rap au Sénégal (ndlr: Flow Up) où j’ai été finaliste deux fois consécutives (2017 et 2018) qui m’ont forgé et donné le goût de la recherche pour être artistiquement au top. Je peux dire que ce sont les fruits de mes deux albums.

« Mes idoles sont Cheikh Ndigueul Lô, Souleymane Faye. »

Pourquoi avoir porté votre choix sur la musique ? 

Je pense que c’est dû à mon entourage immédiat, mon père fut un grand bassiste, mon oncle, également guitariste, mon grand frère aussi est un excellent chanteur. Et j’ai toujours aimé la musique, j’ai failli m’inscrire à l’école nationale des beaux-arts pour devenir instrumentiste. Toute ma vie c’est la musique.

Qui sont vos idoles et modèles ? Quel(s) artistes (s) passé(s) ou présent(s) vous inspire(ent) ?

Ici ce sont les classiques sénégalaises qui m’inspirent le plus. Mes idoles sont Cheikh Ndigueul Lô, Souleymane FAYE. J’écoute beaucoup du Anderson Paak et du Kendrick Lamar également.

Comment ont été vos débuts dans la musique ? 

Comme tout début, difficile. Ma mère ne voulait pas que je devienne artiste. Également, la raréfaction des maisons de production n’arrangeait pas les choses à tel point qu’on pouvait se décourager et renoncer à son talent. Mais l’entourage était toujours là à booster, encourager au point d’arriver là où nous sommes actuellement.

Quels conseils donnerez-vous aux jeunes élèves et étudiants qui ont du talent et qui sont passionnés de musique ?

D’abord qu’ils n’abandonnent pas les études pour la musique, on peut allier les deux en trouvant le juste milieu. C’est très risqué d’abandonner les études pour une passion qui, parfois, peut s’avérer saturée. Oui le marché musical est saturé et demande énormément d’efforts et de sacrifices. Une passion on peut l’allier aux études et c’est plus sûr.

« D’abord qu’ils n’abandonnent pas les études pour la musique, on peut allier les deux en trouvant le juste milieu. »

Le magazine a pour objectif de faire une « visite guidée » des professions. Si ce n’est pas indiscret nous voudrions savoir si la musique « nourrit » son homme au Sénégal ?

Oui, il y a des artistes qui s’en sortent bien que la généralité soit le contraire. Il faut juste trouver une bonne stratégie qui fera sortir l’artiste du lot car tout le monde est talentueux.

Quelles sont vos préconisations pour une meilleure promotion des artistes au Sénégal ?

La première des choses à faire en ce moment, c’est de mettre sur pied un marché dense qui peut absorber nos produits. Le Sénégal compte 15 millions de personnes et seulement 3 millions s’intéressent à la culture urbaine à mon avis bien que cette population soit majoritairement constituée de jeunes.

Certes il y a des efforts constatés sur le plan artistique et au niveau des politiques publiques. Mais il reste du chemin à faire. Il faut vraiment une politique claire d’appui aux artistes et acteurs culturels.

« La première des choses à faire en ce moment, c’est de mettre sur pied un marché dense qui peut absorber nos produits. »

J’imagine que, pour les besoins de votre carrière, vous êtes amené à passer beaucoup de temps en studio. Comment gérez-vous cela par rapport à votre vie personnelle ?

Bien évidemment. Je passe plus de temps au studio que nulle part d’ailleurs. Et c’est devenu une habitude depuis presque plus de 3 ans. On le gère tant bien que mal même si nous sommes au studio la nuit et au lit le matin.

En parlant de sphère privée, d’après vous est ce qu’on peut réussir sa carrière musicale et avoir une vie personnelle épanouie ?

On a l’habitude de dire que à l’impossible n’existe pas. C’est très difficile de concilier les deux en même temps. Mais voilà, il faut mettre de son côté tous les atouts pour une carrière musicale aboutie bien que cela s’avère difficile. Et pour moi, ma musique c’est ma vie.

Au-delà de la musique, en tant que citoyen sénégalais quelles sont les causes qui tiennent Ashs The Best à cœur ?

Toutes les causes qui feront du Sénégal un pays reluisant : la bonne gouvernance, la répartition équitable des ressources du pays, les questions de jeunesse, des femmes etc.

« C’est malheureux de constater que les jeunes ont repris la mer « Barca wala Bàrsaq ».

Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse sénégalaise ?

C’est malheureux de constater que les jeunes ont repris la mer “Barca wala Bàrsaq” et des fois se mettant dans le moule de ces jeunes qui n’ont plus espoir dans leur pays. Il est difficile de leur dire d’arrêter de faire face à ces énormes risques.

Nous exhortons les dirigeants à créer des opportunités pour ces jeunes, ne serait-ce qu’ils puissent retrouver le rêve de réussir au pays.

Je ne vais pas manquer d’ailleurs de réitérer mon soutien à ces jeunes et leur dire de persévérer, de croire en eux et en leur pays.

Biramawa vous remercie. Votre mot de la fin ?

Ce fut un plaisir de vous recevoir et de figurer dans vos colonnes.

Interview publiée pour la première fois le 30 Novembre 2020